L’industrialisation du Bâtiment avance. Un rapport revient sur les éléments facteurs favorables pour lesquelles la construction hors site devrait se développer significativement dans les prochaines années. Entre menaces et opportunités, une tendance à surveiller par les électriciens.

 

Ce n’est pas une nouveauté, mais l’évolution est en marche parallèlement au développement du « Lean Management » dans les entreprises. Optimiser le temps et la logistique est beaucoup plus maitrisable en atelier que sur un chantier. Limiter les opérations et l’interdépendance avec les autres corps de métiers, mieux gérer la charge des équipes de montage sont les atouts affichés par la construction industrialisée.

Un rapport du ministère en charge du logement (janvier 2021) montre à quel point il est nécessaire d’orienter autant que possible vers cette technique de construction pour améliorer les marges et gagner des marchés. Ce rapport fait également un point de situation intéressant sur les freins à l’innovation dans le secteur de la construction.

 

Des pays déjà en pointe et des opérateurs à l’affut

L’Allemagne, les Pays-Bas et les pays scandinaves sont historiquement très en avance sur cette technique constructive motivée à présent par la RE2020 en France. Nombre d’exemples ont vu le jour comme la réalisation de logements cellulaires ou la préfabrication de modules techniques. Plusieurs opérateurs du numérique se positionnent sur cette activité conjuguant une maquette numérique et des machines industrielles. Dans le secteur électrique, les pieuvres et les tableaux électriques sont régulièrement réalisés par les spécialistes dont la maitrise de la technicité permet de respecter la qualité et les coûts.

 

Pallier le manque de compétences disponibles

Le secteur de la construction se caractérise par une main-d’œuvre vieillissante, moins qualifiée et en pénurie et une faible productivité en comparaison avec les autres secteurs alors que la tendance de la construction va vers des projets plus complexes (coûts, délai, qualité), des exigences environnementales plus sévères, un renforcement des coûts de malfaçons, de logistique de livraison et de déplacements.

 

Un secteur peu innovant

Cela s’explique par le fait l’essentiel des acteurs sont des entreprises de petite taille opérant sur des zones géographiques limitées, et des leaders du marché français qui ne disposent pas de parts de marchés substantielles pour investir dans des techniques innovantes. Par ailleurs, des dizaines d’acteurs très spécialisés interviennent successivement dans le processus de construction d’un ouvrage ne permettant pas les économies d’échelle (ex : coûts de coordinations).

 

Main-d’œuvre et productivité

Les coûts de main-d’œuvre représentent entre 40 et 50% du coût total d’un projet de construction et autour de 60% pour les travaux de maçonnerie ou d’électricité. Ils sont loin des standards industriels. À titre de comparaison, le coût du travail dans le coût final d’une voiture est compris entre 14 et 18%.

Notons aussi dans le rapport que la productivité a baissé de 40% depuis 1950 dans la construction. Les travaux de second œuvre ont connu une baisse de la marge passant de 2,6% en 2008 à 1,8% en 2016. En comparaison, le taux de marge dans les travaux publics est presque stable depuis 2008 autour des 2,5% ; dans l’industrie le taux de marge est le double de la construction.

Comme pour les cabines de bateaux de croisières ou les chambres d’hôtel, la solution hors site peut se déployer progressivement sur des espaces répétitifs, mais aussi sur l’installation IRVE, l’éclairage en parking, salle de cours, les foyers logements étudiants et seniors puis pour le logement.

 

Les constats faits par ce rapport annoncent une croissance de la construction hors site dans les prochaines années. Pour les dirigeants électriciens, cela ouvre clairement des possibilités de marchés et de nouvelles méthodes, mais aussi sur un appauvrissement de la valeur ajoutée des tâches exécutées sur le chantier, réduite à des opérations de pose ou de connexion. Une tendance à suivre.

 

Publié le 30.01.23